J.C. Julie COMBES MOA Responsable de projet chez CDC Habitat
F.H. Françoise HARF Future habitante
L.M. Laurence MESSAGER Future habitante
M.B. Matthieu BERGERET MOE Architecte chez 2pm:
J.C. Je suis Julie Combes, je suis responsable de projet pour CDC Habitat qui est le bailleur social qui accompagne H’Nord sur la co-maîtrise d’ouvrage de ce projet de construction de logements à Bordeaux Dupaty.
F.H. Françoise Harf, coopératrice, future habitante des logements qui ne sont pas encore construits.
L.M. Laurence Messager, coopératrice et future habitante des logements qui ne sont pas encore construits.
M.B. Je suis Matthieu Bergeret, architecte mandataire de l'équipe, on a des bureaux d'études avec nous, il y a le CETAB. Nous dessinons et accompagnons tout ce petit monde pour construire des logements dans lesquels ces dames vont habiter.
L.M. Actuellement le projet, après être passé par différentes phases, c’est 16 appartements pour H’Nord, la coopérative, où l’on souhaite qu'il y ait une mixité sociale et intergénérationnelle. Cela s’inclus dans un projet qui est plus vaste, puisqu'il va y avoir aussi un certain nombre d'appartements qui vont être gérés par le bailleur social qui porte l'opération financière pour l'instant. Il y aura aussi un tiers des appartements qui vont être pour des personnes qui vont accéder à la propriété, qui vont acheter des appartements.
F.H. C’est aussi une mixité sociale qu'on espère mettre en place, ce ne sont pas seulement quelques « fadas » qui veulent vivre ensemble et qui veulent avoir des jardins etc. C'est vraiment quelque chose de partagé, avec toutes sortes de catégories sociales et surtout avec CDC Habitat, on est sûrs d'avoir une population qui n’est peut-être pas celle qui a initié la coopérative, mais on espère bien pouvoir les rencontrer et faire des choses avec eux. On n'est pas chacun dans notre coin, ceux qui vont accéder individuellement à la propriété signeront une charte où ils répondront à nos désidératas sur le fonctionnement de cet ensemble d'habitants.
L.M. Et cet ensemble, il sera aussi composé, en tout cas nous l'espérons, nous cherchons encore les sous pour ça, de quelques mètres carrés qui seront des communs mis à disposition de tout le monde, une salle polyvalente et des chambres d'amis afin d’éviter d'avoir des trop grands logements pour recevoir la famille une fois par an. Nous allons pouvoir louer les chambres d’amis, grâce à CDC Habitat.
J.C. C’est effectivement un projet mixte, une construction de 57 logements dans le cœur historique de Bordeaux, dans le quartier des Chartrons, avec une reconversion d'une friche qui était jusqu'à présent inoccupée. On a un projet qui, effectivement, est basé sur une co-maîtrise d'ouvrage avec une coopérative d'habitants, donc avec l'implication des futurs habitants dès le démarrage de l'opération en conception. C'est d'ailleurs H’Nord et CDC qui ont choisi la maîtrise d'œuvre de ce projet ensemble et qui ont travaillé avec la maîtrise d'œuvre pour concevoir les futurs logements de la coopérative d'habitants, des logements sociaux également qui seront gérés par CDC Habitat et les futurs logements qui seront vendus en libre. Ils ont conçu des espaces collectifs, une salle polyvalente, une maison d'assistante maternelle, des bureaux, des buanderies, des chambres d'amis et ont fait la part belle au jardin collectif sur le toit avec vraiment un programme qui a été conçu et co-élaboré par les maîtres d'ouvrages.
M.B. En tant qu'architectes nous sommes arrivés après ces étapes, donc tout était déjà presque décidé. Nous avons un site génial qui présente beaucoup de traces du passé, que nous tâchons de préserver en grande partie. Il y a des anciennes caves voûtées, des éléments paysagers que nous essayons de conserver, la salle polyvalente qui est un ancien hangar que nous réhabilitons. Dans ce contexte nous avons intégré la programmation de 57 logements en 5 bâtiments, de part et d'autre d'une rue. Tout le travail a été de choisir de mettre en valeur un jardin sur la rue, de travailler des circulations pour que l'on puisse se croiser, généraliser des logements traversants, puis individuellement, nous avons travaillé avec chacun des futurs habitants pour adapter les logements, de les personnaliser autant que possible.
M.B. Nous avons été retenus sur un appel d'offres. Quand le groupe de coopérateur a été constitué, ils ont défini un budget, un nombre de logements, un cahier des charges très précis et ensuite, ils ont lancé une consultation, un appel d'offre public, puisqu’il était porté par CDC. Nous avons été choisis parce que, j'imagine, nos projets et nos références ont été jugées intéressantes, notre approche attestant d'une ouverture au dialogue, à l’écoute.
F. H. D'abord, il faut un logement pour chacun, c’est un droit. Et il faut le maximum de logements dont les individus ne soient pas propriétaires, pour qu'il n'y ait pas ce poids du remboursement d'un prêt. Parce que ça bouffe la vie des gens, ils diminuent leur vie pour pouvoir payer les traites chaque mois. Il faut que ce soient des logements accessibles, sans forcément devoir acheter. On a trouvé que la coopérative, c'était une façon très intéressante de pouvoir se loger, de vivre ensemble, selon les modalités qu'on choisit afin que l’on ne soit pas à la solde de promoteurs immobiliers.
L. M. Le logement de demain, il doit aussi être, peut-être, modulable en fonction des familles ou des personnes qui vivent dedans. Il doit être constitué de matériaux les plus sains possibles, et doit prendre en compte des aspects climatiques. Il doit permettre aux gens de se rencontrer et non pas les inciter à s'enfermer chez eux : il doit permettre des échanges. Il n'y a pas que le logement qui compte, c'est tout un espace de vie, un lieu de vie au complet. Il doit y avoir des espaces qui permettent aux gens de pouvoir échanger ou faire des choses ensemble, mais aussi de rentrer chez soi, il ne s'agit pas de faire une énorme colocation.
M. B. Le logement de demain doit être écologique, le plus grand possible, le plus abordable possible. Le seul luxe que l’on se permet dans les projets, c'est l'accès à la lumière. Quand on a un logement lumineux, cela contribue à se sentir bien chez soi et donc d'aller plus facilement vers les autres. Dans des sites comme le nôtre, très urbains, il est important que les logements assurent l’intimité à l’échelle individuelle pour donner l’envie aux occupants de profiter de la vie en société et des espaces communs.
J. C. Je vais dire que le logement de demain, c'est celui qui doit correspondre à tous les besoins et à toutes les envies.
L’entretien a eu lieu à l’oral le 04 avril 2024 à l’occasion de la revue de projets à Bordeaux et a été réalisé par Léo KIRCHENGAST, Stagiaire au sein du programme Engagés pour la qualité du logement de demain, opéré par le GIP L’Europe des projets architecturaux et urbains.